Là où certains voient un risque, Kristell Tremblay y voit une opportunité. Ce que l’on pourrait penser être un désavantage, elle le transforme en atout. Cette jeune entrepreneure de 33 ans au caractère trempé et au franc-parler est l’une de ces personnes qui savent où elles vont. Lorsqu’on lui a dit qu’elle était folle de démarrer sa propre entreprise dans la construction compte tenu de l’état du marché, Kristell ne s’est pas laissé décourager. A la tête de Construction KT inc. depuis près de 3 ans maintenant, Kristell Tremblay fait partie de la petite communauté des 2,9% de femmes propriétaires de PME dans le secteur de la construction au Canada. Être jeune et être une femme chef d’entreprise  dans une industrie largement dominée par les hommes n’est pas chose commune et peut sembler être un sacré défi. Nous avons eu le plaisir de discuter avec Kristell qui a accepté de partager avec nous son parcours et son quotidien d’entrepreneure.

Entrepreneure dans l’âme

Fille d’un chef d’entreprise, Kristell a toujours su qu’elle était une entrepreneure dans l’âme et n’a pas hésité longtemps avant de suivre les pas de son père ingénieur. Diplômée en génie mécanique, elle s’est rendue compte avec son premier travail dans une usine qu’il lui était difficile d’exercer son leadership dans ce milieu très masculin et a finalement choisi de se réorienter vers la construction. Elle a fait ses premières armes en génie civil chez CIMOTA inc., une première expérience très formatrice qui lui a permis d’en apprendre beaucoup sur la construction. Mais c’est suite à un autre travail qu’elle a réalisé qu’elle était capable de gérer seule une entreprise et qu’elle a alors décidé de sauter le pas en fondant Construction KT inc.

« On est entrepreneurs généraux en construction. On rénove des écoles, on fait des chantiers de réaménagement, de rénovation et des réparations, principalement dans la région de Montréal. On est spécialisé dans la réparation structurale de béton : les parkings souterrains, les copropriétés, les balcons en béton, nous faisons des enduits de surface… », explique Kristell.

Entreprendre dans le domaine de la construction n’est pas facile. Pour Kristell, comprendre la réglementation et se tenir informée des nombreuses lois qui régissent l’industrie est certainement une des plus grandes difficultés. Le marché de la construction n’est pas non plus en grande forme mais cela n’entache en rien l’optimisme et la détermination de Kristell : « En 2012 beaucoup d’entreprises ont fermé. Moi j’ai vu ça plus comme une opportunité que comme une menace car finalement ça laissait la place aux jeunes. Même si cette année c’est dur pour tout le monde, on espère se maintenir et pourquoi pas voir une progression. On ne se décourage pas ».

Pour l’accompagner dans son aventure entrepreneuriale, Kristell peut compter sur le soutien de mentors mais aussi sur celui de son père qui agit plus comme un coach et qui la conseille sur la prise de risques et sur les aspects émotionnels.

Réussir à faire sa place

Son succès, Kristell le doit aussi à sa force de caractère. Lorsqu’on lui demande si elle considère le fait d’être jeune et d’être une femme comme un inconvénient, sa réponse est catégorique : « J’ai toujours vu ça comme un atout parce que je ne passe pas inaperçue. Quand je présente mon entreprise je veux que tout le monde se souvienne de moi et de mon entreprise. » Elle admet aussi que son fort caractère y contribue également : « Pour se faire entendre dans l’industrie de la construction il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds. Il faut faire sa place et la garder », explique-t-elle.

Même si sa position de chef d’entreprise lui rend la tâche plus facile lorsqu’il s’agit d’exercer son leadership, cette jeune entrepreneure sait que rien n’est acquis : « Il faut vraiment bien connaître ses dossiers, arriver préparé dans les réunions, il faut savoir quoi dire à ses troupes. Je me mets au même niveau que tout le monde, je n’essaye pas de m’imposer comme la boss. J’essaye de leur demander leur avis, des pistes de solutions et d’argumenter. En même temps cela me permet de m’informer de leurs besoins ». L’honnêteté, selon Kristell est un élément clé de la crédibilité : « Quand on me pose des questions auxquelles je n’ai pas les réponses je le dis : « je ne sais pas, je vais aller vérifier et je reviens avec l’information ». C’est très important. Surtout dans la construction, les gars ont tendance à poser des questions pièges, donc si tu leur donnes la mauvaise réponse ils vont le savoir. » Kristell nous rappelle aussi que l’humour est la meilleure arme lorsque l’on travaille dans la construction. Être souriant, avoir une bonne attitude et le tour est joué!

Bénévolat, implication sociale et communautaire

Après avoir beaucoup parlé de l’importance du réseau avec ses mentors, Kristell a décidé de s’impliquer bénévolement  dans plusieurs organisations. Tour à tour collaboratrice à la vice-présidence en entrepreneuriat de la jeune chambre de commerce du Québec, puis responsable du réseautage à l’Ordre des ingénieurs du Québec, Kristell a récemment intégré le conseil d’administration de l’Association patronale des entreprises en construction du Québec. Au-delà de l’opportunité de contribuer directement aux évolutions de son industrie, il s’agit d’un excellent moyen de se faire des contacts et de bénéficier de l’expertise de ses pairs plus expérimentés.

Kristell attache aussi de l’importance à l’entraide au sein de la petite communauté que constituent les femmes chef d’entreprise dans la construction. Elle est ainsi bénévole engagée dans le réseau Les ELLES de la construction qui a pour objectif de promouvoir la place des femmes dans le secteur de la construction. « Les Elles ça a changé ma vie. Ça permet de faire des contacts, du réseautage. Il y a aussi des femmes qui comme moi sont propriétaires d’entreprises et on a exactement les mêmes questions, les mêmes parcours. Certaines ont démarré leur entreprise avant moi, d’autres sont plus jeunes que moi donc on peut toutes s’aider », dit Kristell. Entrepreneure engagée sur la question de la mixité au sein de son industrie, elle a notamment  donné une allocution « Mixité : au-delà des préjugés » lors de laquelle elle a insisté sur l’importance des femmes d’occuper un poste dans lequel elles performent et dans lequel elles se sentent à leur place. Futurpreneur est fier de soutenir le parcours de cette jeune entrepreneure et espère que son histoire et sa persévérance en inspirera plus d’un.

Ecrit par : Claire Gendron, Bilingual Marketing Content Coordinator, Futurpreneur Canada

Photo Credit: ellesdelaconstruction.com/revue-presse

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