Jean-Philippe L’Écuyer, Futurpreneur Canada, Montreal, QC

Dans un effort de sensibilisation de la population à l’entrepreneuriat, il semble que nous soyons quelque peu tombés dans le romantisme entrepreneurial. Nous relatonsl’histoire de Steve Jobs, d’Edward Rogers père, ou encore de Pierre Péladeau, avec une telle admiration que l’on en vient parfois à résumer la réussite entrepreneuriale à leur parcours. Aujourd’hui, on cherche compulsivement le prochain Steve Jobs, l’élu de la prochaine génération. On dresse alors le portrait des nouvelles entreprises ayant le potentiel d’avoir un jour l’envergure d’Apple ou de Québecor. Bien que ce romantisme entrepreneurial puisse biaiser la nouvelle génération d’entrepreneurs, ou pire encore, leur mettre sur les épaules une pression difficile à gérer, il reste que ce romantisme est complètement fondé et utile.

Comme société, on s’intéresse particulièrement aux entreprises ayant un succès reluisant, éclatant, lumineux ! Plus spécifiquement, on s’intéresse aux entreprises ayant connu une croissance spectaculaire. Ce sont ces entreprises qui se distinguent et qui deviennent, par la suite, des modèles pour la prochaine génération de jeunes entrepreneurs. Au-delà du fait que l’histoire de ces entrepreneurs à succès soit inspirante et agréable à raconter, il reste que l’admiration qu’on leur porte est fondée sur leur indiscutable impact économique et social.

Cet impact est concret et mesurable. En effet, les entreprises à forte croissance sont responsables de la création de 50% à 70%[1] de tous les nouveaux emplois. Fait encore plus étonnant, ces entreprises représentent uniquement 7%[2] de l’ensemble des entreprises dans l’économie. Il s’agit donc de petites bombes économiques qui, lorsqu’elles explosent, profitent à l’ensemble de l’économie.

Si un tel niveau de création d’emplois peut sembler suffisant pour justifier l’admiration que l’on porte aux entreprises à forte croissance, il n’en est rien comparé à leur potentiel à générer d’autres PME en soi. Au-delà des emplois directs créés par une entreprise à forte croissance, il faut savoir qu’il y a aussi des retombées économiques qui profitent à toutes les PME faisant partie de son écosystème. Ces PME deviennent alors un fournisseur de produits ou de services pour l’entreprise en croissance, ou encore, l’un de ses distributeurs. Cela signifie qu’une entreprise en croissance est à même d’intégrer de nombreuses PME dans sa chaîne de valeur et ainsi, donner à ces petites entreprises leur envol. En ce sens, l’entreprise en croissance est un générateur de PME et un soutien direct, autonome et économiquement viable, à l’entrepreneuriat.

Sur le plan économique, l’impact des entreprises à forte croissance est donc indiscutable. Mais qu’en est-il de leur impact social ? Bien que l’on puisse élaborer longuement sur ce sujet, on peut simplement souligner qu’elles sont un moteur d’innovation[3] et de changements sociaux. Parce qu’elles sont dynamiques et agiles, les PME arrivent à innover plus facilement que les grandes entreprises. Lorsqu’une PME est sujette à une forte croissance, elle diffuse son innovation à très grande échelle et fait ainsi adopter de nouveaux comportements et de nouveaux paradigmes à l’ensemble de la société. L’entreprise à forte croissance devient dans ce cas un moteur économique de diffusion d’une innovation qui, par la suite, modifiera le comportement des citoyens. Growing City est un formidable exemple du potentiel d’impact social d’une PME à forte croissance. Et ils ne sont pas seuls! Un nombre toujours grandissant d’entrepreneurs cherchent aujourd’hui à créer une entreprise qui aura un réel impact social. Il semble donc que nos jeunes entrepreneurs prennent graduellement conscience du lien fort qui existe entre le social et l’économique, et qu’ils s’engagent dans un projet plus grand qu’eux-mêmes.

Pourquoi la croissance ? Parce que depuis les années 1990, elle obsède avec raison les chercheurs en management[4]. Parce que depuis des lunes, elle obsède avec raison nos entrepreneurs, nos leaders d’opinion et nos gouvernements. La croissance de nos petites entreprises est le moteur même de nos propres avancées économiques et sociales. Cela implique que nous avons le devoir citoyen de nous y intéresser et d’aider nos entrepreneurs à s’engager sur cette voie.

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[1] Birch & al. 1994; NESTEA (2011)
[2] NESTEA (2011)
[3] Barringer & al. (2005)
[4] Barringer & al. (2005)

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