(FR) Content Type, Blogueurs invités, Écrire un plan d’affaires | 11 février 2016
À l’approche de la Saint-Valentin, j’ai décidé de déclarer publiquement mon grand amour pour… le plan d’affaires! Voici pourquoi j’en suis, et en resterai, l’amant éternel!
Nous sommes à l’époque du lean startup, ce qui porte à croire que le plan d’affaires n’a plus sa place dans le processus de démarrage d’une entreprise. Pourtant, c’est faux! Bien au contraire, le plan d’affaires n’a jamais eu autant sa raison d’être dans la démarche entrepreneuriale. L’environnement concurrentiel subit actuellement des mutations perpétuelles, et les possibilités de positionnements stratégiques sont constamment décuplées. L’entrepreneur a donc besoin d’une boussole pour s’orienter! Et quelle est la meilleure boussole pour un entrepreneur en démarrage? Eh bien, le plan d’affaires! Il s’agit de l’outil qui lui permettra de capter la vue d’ensemble de son industrie et de son projet et ainsi, prendre les meilleures décisions d’affaires possibles.
Croyez-le ou non, les plus récentes recherches en entrepreneuriat démontrent, hors de tout doute, l’impact positif de la planification lors du démarrage. Autrement dit, les entrepreneurs qui se prêtent à la démarche du plan d’affaires réussissent mieux. Études scientifiques à l’appui!
Dans un environnement concurrentiel trouble et mouvant, quelles avenues doit-on privilégier? Comment approcher son marché? Quelle sera l’offre initiale de l’entreprise? Qui approcher en premier? Quel partenariat sera profitable pour l’entreprise? Voilà seulement quelques-unes des nombreuses questions auxquelles répond le plan d’affaires.
Si le plan d’affaires est actuellement boudé des entrepreneurs, c’est principalement parce qu’on l’a associé à tort à une démarche statique, inerte et en silo. Or, ce n’est pas le cas! L’erreur fréquente est de croire que le plan d’affaires s’oppose aux méthodes lean. C’est une fausse croyance! Le plan d’affaires requiert un travail de terrain important. Il requiert une validation, une expérience dans l’industrie ainsi que des démarches d’alliances stratégiques bien concrètes.
S’il y a bien une chose qui compte lors du démarrage, c’est la connaissance fine de son industrie! Aucun entrepreneur ne pourra réussir dans une industrie qui lui est étrangère. Cela dit, quel est le niveau de connaissance minimal acceptable d’une industrie? Est-ce qu’une expérience de cinq ans suffira à développer le bon niveau de compréhension?
À vrai dire, la réponse est toute simple. L’entrepreneur aura une connaissance suffisante de son industrie seulement lorsqu’il en aura développé une compréhension systémique. Autrement dit, quand il aura saisi le portrait global de l’industrie, et qu’il sera en mesure de faire des liens entre les différents acteurs. Ce niveau de compréhension d’une industrie s’appelle une conception systémique. Elle requiert une expérience de terrain importante, mais elle peut être atteinte de façon accélérée via l’exercice du plan d’affaires.
Le plan d’affaires permet de rassembler tous les éléments factuels associés à une industrie et ensuite, les mettre en relation, les analyser et en tirer des conclusions. Il s’agit d’un exercice en or pour l’entrepreneur! Cela lui permet de poser un regard lucide sur son projet et de prendre des décisions d’affaires mieux ajustées.
Certains sont bons en écriture et d’autres le sont moins. Qu’on se comprenne bien, le plan d’affaires n’est pas un exercice de style littéraire. Par contre, il est un exercice de rédaction, et c’est bien différent.
Le fait de rédiger aide l’entrepreneur à mettre de l’ordre dans ses idées, à comprendre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, mais surtout les raisons qui se cachent derrière. Au final, qu’importe le nombre de fautes de grammaire ou d’orthographe, ce qui compte, c’est l’exercice de rédaction. L’entrepreneur tente alors d’expliquer le plus en détail possible son projet et ses aboutissants, ce qui l’aide à concevoir sa réalité d’affaires et à l’anticiper.
Au fur et à mesure que s’organisent les idées de l’entrepreneur, le plan d’affaires se modifiera. Certaines sections devront être réécrites. Ce n’est pas une régression, bien au contraire. C’est même très bon signe! Cela signifie que l’exercice de rédaction l’aide à penser différemment son projet. C’est l’objectif!
Un entrepreneur, c’est d’abord un passionné et un créatif qui bouillonne d’idées. Bien souvent, lorsqu’un entrepreneur me présente son projet d’affaires, il passe à côté de certains détails qui sont des éléments stratégiques fondamentaux. Pourtant, l’entrepreneur a souvent déjà adressé plusieurs de ces détails importants, sauf qu’il ne songe pas à les mentionner.
Ainsi, avec une première version du plan d’affaires, il m’est beaucoup plus facile d’évaluer le projet de l’entrepreneur, car les détails-clés sont mis en évidence. À titre d’accompagnateur, il me faut un minimum de matériel afin d’être en mesure de poser un bon diagnostic. C’est ce que le plan d’affaires permet de faire. Il crée un espace objectif entre l’accompagnateur-conseil et l’entrepreneur. Le plan d’affaires est un formidable outil d’accompagnement. Il permet d’aller beaucoup plus loin dans les conseils et dans le coaching offert aux entrepreneurs.
Soyons clairs. Un plan d’affaires de plus de dix pages est considéré comme trop long! Un bon plan d’affaires permet de communiquer clairement et de façon concise l’opportunité d’affaires associée au projet. Le rôle premier de l’entrepreneur est de communiquer l’opportunité d’affaires qu’il a entre les mains, ainsi que l’opérationnalisation de son projet d’affaires. Pour cette raison, le plan d’affaires devient son premier outil. L’exercice de rédaction apprend à l’entrepreneur à mieux communiquer les aspects stratégiques de son projet. Il permet de trouver la meilleure formulation possible pour parler de son projet aux investisseurs et aux partenaires stratégiques. Au final, cet outil aide l’entrepreneur à jouer son rôle premier : celui de communiquer son projet.
Bien que le plan d’affaires soit principalement destiné à communiquer le projet à un public d’investisseurs, il est aussi la base du plan marketing. Il permet à l’entrepreneur de déterminer les messages que véhiculera son entreprise et la façon dont elle le fera. Si on simplifie, il permet de déterminer quels moyens marketing utiliser, de quelle façon les utiliser, et dans quel but. C’est ce qu’on appelle un plan de communications et marketing. Le plan d’affaires permet donc aux entrepreneurs de bâtir leur stratégie de marketing, ce qui les rend plus efficaces dans leur recherche de clients.
Le risque est le pain quotidien de l’entrepreneur. Il est impossible de l’éliminer de la réalité entrepreneuriale. On peut même dire que le risque définit en soi la réalité entrepreneuriale. Sans risque, la notion même de projet d’affaires ne fait plus de sens. Tout projet d’affaires comporte de nombreux éléments inconnus, incertains et impossibles à anticiper.
Cela dit, l’entrepreneur a un contrôle sur le niveau de risque qu’il prend. Il ne peut pas éliminer les risques, mais il peut toutefois les minimiser. L’exercice du plan d’affaires donne accès à des informations, des analyses et des conclusions qui n’auraient pas vu le jour sans cet outil.
Gérer le risque, c’est quoi? C’est tout simplement le fait de se questionner et d’anticiper. C’est précisément ce que le plan d’affaires permet de faire. Ainsi, les entrepreneurs qui se prêtent à l’exercice du plan d’affaires gèrent mieux les risques associés à leur entreprise.
Il y a des arguments de taille pour justifier l’utilisation du plan d’affaires lors du lancement d’une entreprise. Je l’utilise dans ma pratique d’accompagnement, car il a démontré son efficacité sur plusieurs plans.
Cela dit, il faut absolument se tenir loin des guerres stériles entre les tenants du plan d’affaires, ceux du canevas BMG ou encore d’autres modèles itératifs. L’outil n’est jamais une fin en soi! Chaque outil n’a qu’une seule vocation : accompagner la réflexion stratégique dans la démarche de lancement d’entreprise.
Lorsque je donne mes formations, je mentionne toujours aux entrepreneurs que mon but unique, c’est de leur faire comprendre le processus de réflexion du lancement d’une entreprise. Une fois qu’ils ont compris l’approche, le plan d’affaires s’écrit tout seul.
Le rôle d’un accompagnateur-conseil est d’utiliser tous les outils ayant prouvé leur efficacité, dans le but de donner le meilleur accompagnement possible. Je souhaite offrir l’accompagnement le plus objectif et le plus efficace à mes clients, et non pas défendre un outil plus qu’un autre. C’est parce qu’il a démontré son efficacité et qu’il continue de faire ses preuves que je fais aujourd’hui l’éloge du plan d’affaires. Je lui déclare publiquement mon amour, car il aide mes entrepreneurs à atteindre leurs objectifs. Je lui déclare publiquement mon amour, car il contribue au succès de mes clients!
Écrit par Jean-Philippe L’Écuyer, Entrepreneur en résidence à Futurpreneur Canada, jplecuyer@futurpreneur.ca.
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