Depuis quelques années, les produits estampillés « local » connaissent un engouement grandissant au pays et plus spécifiquement au Québec.  Pour autant est–on capable de décrire précisément ce que l’on entend par « produit local »?

De sa conceptualisation aux bras du client, le produit passe par différentes étapes qui dessinent une géographie à plus ou moins grande échelle.

Mais alors, sur quoi se base-t-on pour décréter qu’un produit est local? Le lieu de conceptualisation? La provenance de la matière première? Le lieu de fabrication du produit? Le siège social de l’entreprise? L’ensemble?

Il n’existe pas de définition officielle, réglementaire du qualificatif local. Cette situation en fait une notion a priori floue.

 

Local, quelques précisions sémantiques

Le Bureau de la concurrence, organisme fédéral, propose deux allégations officielles mais facultatives pour aider les consommateurs à identifier un produit canadien : « Produit du Canada » et « Fait au Canada ». La première signifie que la quasi-totalité (au moins 98 %) du processus de fabrication a été réalisée au Canada. Pour la seconde, le seuil est fixé à 51 %. Dans les deux cas, la dernière transformation substantielle doit avoir eu lieu à l’intérieur des frontières canadiennes.

Au Québec, il n’existe pas de certification équivalente à celle du Canada, qui pourrait s’appliquer à tous les produits. Plusieurs initiatives encouragent néanmoins le local comme la marque « Aliments du Québec » et la signature « Meuble du Québec ».

Toute la difficulté réside dans la détermination su sens des appellations ne faisant l’objet d’aucune réglementation précise. Les termes, « assemblé au », « emballé au », « produit » ou « fabriqué au »  ainsi que les représentations graphiques de type symboles ou drapeaux, traduisent des réalités différentes et peuvent prêter à confusion.

Le plus sûr reste alors de s’appuyer autant que possible sur les terminologies officielles, de vérifier leur signification et de prendre le temps de se renseigner sur la provenance des produits avant leur achat.

 

Vous avez dit 100% local?

D`une manière générale on pourra considérer comme local ce qui est non seulement conçu mais aussi et surtout fabriqué localement, dans une proximité avec le consommateur. C`est cette proximité avec le consommateur des différentes étapes  de création du produit qui détermine le caractère plus ou moins local de ce dernier.

Mais alors, qu’en est-il du 100% local?  Est-ce possible? La réponse est oui… si l’on peut affirmer que tout ce qui a permis de créer le produit, y compris l’ensemble des matériaux nécessaires à sa fabrication est local. La probabilité de rencontrer un tel objet est donc mince. La  matière première devant souvent être importée car non produite sur le territoire considéré.

 

A titre d’exemple, l’entreprise Kotmo a fait le choix stratégique de développer, produire et commercialiser des objets promotionnels fabriqués au Québec. La matière première utilisée n’est pas toujours produite localement (cela dépend des produits) mais elle est toujours achetée et transformée localement. L’idée est de parvenir à remonter la chaine de production, de façon à ce qu’elle soit au maximum locale.

Pour ce qui ne peut être issu d’une production locale, Kotmo s’attache à limiter l’impact environnemental et social du produit.  Certifiée  B Corp, l’entreprise a décidé de mettre l’emphase sur le type de matériaux utilisés (provenance, certification, propriétés (recyclé ou recyclable…) et les fournisseurs (entreprises de propriété féminine, familiale, de réinsertion sociale…) Par ailleurs, son positionnement vis-à-vis de la clientèle s’inscrit dans une même exigence de durabilité : « Dans le domaine des objets promotionnels, on produit souvent de grosses quantités. Nous procédons différemment, en proposant à nos clients de mieux penser leur budget, de penser autrement leur stratégie par l’objet; de remettre moins mais mieux » assure Céline Juppeau, fondatrice de Kotmo.

Ainsi, le produit local peut s’inscrire, dans une plus ou moins grande mesure dans une approche de développement durable. Plus le vendeur local a de contrôle sur la chaine de production, plus il a la possibilité de s’assurer que cette dernière respecte l’environnement (par exemple par la réduction des distances de transport), des conditions de travail décentes pour les employés des manufactures, soutient un savoir-faire et une économie locale…

Tout est une question … de conscientisation?

Vanessa Lachance, co-fondatrice de Signé Localla vitrine du fait local au Québec, à travers un répertoire d’entreprises, un blogue, une boutique en ligne et deux magasins physiques, à Montréal et Brossard se souvient qu`au démarrage de l’entreprise.

En 2015, le local ne bénéficiait pas de l’engouement qu’il connaît aujourd’hui. Une certaine éducation du public a été nécessaire. C’est pourquoi, en même temps que l’entreprise, Signé Local a lancé un blogue proposant différents articles consacrés aux enjeux de la consommation locale.

Aujourd`hui, il est de plus en plus facile d’acheter local pour qui veut bien s’informer. A travers ses points de vente physiques, Signé Local fait la démonstration de la richesse de la production au Québec et de la possibilité de consommer local au quotidien. Pour autant, du chemin reste à parcourir selon Vanessa.  Certaines idées préconçues persistent, notamment concernant le prix et la variété des produits fabriqués au Québec.

 

Raphaël Ricard, fondateur de C’est Beau, une boutique en ligne et physique proposant des vêtements fabriqués localement ainsi qu’une sélection de produits artisanaux du Québec – estime quant à lui que la valorisation de l’achat local passe non seulement par une information correcte du public mais aussi par un effort de démocratisation des produits.  C`est Beau a récemment crée une ligne de t-shirts basiques entièrement fabriqués en Estrie à partir de coton biologique.

Selon Raphaël : « Si le produit est local mais pas achetable, on repart à la case départ car le produit ne sera pas acheté. On doit pouvoir produire en quantité suffisante pour pouvoir réduire les prix en bout de ligne. Le choix de la matière première et de la manufacture chargée de fabriquer les vêtements tient compte de cette réalité. Si tout le monde consomme davantage local au quotidien, ça ne prendra pas beaucoup de temps avant que les prix deviennent plus accessibles.

(…) À la fin des années 90, la délocalisation de la production des objets manufacturés vers l’Asie a permis de réduire les prix mais a, en même temps, faussé la perception du cout réel (sur le plan environnemental et social) de ce type de production. La grande distribution a créé des standards non réalistes. Il en va de même aujourd’hui, avec la mouvance du local. La perception de ce qu’est vraiment local est faussée par le green-washing. Le défi de la production locale c’est l’information ». 

En définitive, le caractère local d`un produit correspond à une réalité plurielle qui implique une réflexion globale. Pour faire rayonner la production locale, la  solution est entre les mains des entrepreneurs et des consommateurs responsabilisés.

A vous de jouer!

Voir l’article du blogue de Signé Local sur la distinction entre produit et fait au Canada.

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